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Prof Jacques Donzé, médecin chef du département de médecine, RHNe 

Pandémie à SARS-CoV-2 sur le site de PRT du RHNe

Cette pandémie a nécessité des adaptations à la fois extrêmement rapides et étendues, ainsi qu’une réorganisation en profondeur de toute l’organisation à tous les niveaux. Voici un résumé non exhaustif pour le site de Pourtalès (PRT).

Mise en place d’une unité spécialisée COVID-19

Afin de contenir au maximum une propagation du virus intra-muros, tous les patients suspects ou prouvés positifs ont été regroupés dans un lieux. Les patients suspects étaient en chambre seul dans l’attente de leur résultat, afin de ne pas prendre le risque qu’ils soient contaminés si finalement leur test est négatif. La médecine a repris deux unités de 26 lits au département de chirurgie afin de monter cette unité COVID. Une porte provisoire a été montée afin de crée dans l’unité une zone dite « sale » dans laquelle des patients sont ventilés, avec le risque d’aérolisation du virus. Un équipement complet avec masque NRP95, lunettes, surblouse et gants était obligatoire dans cette zone en particulier, nécessitant de nombreux changements pour le personnel en passant d’une chambre à l’autre.

Afin de prendre en charge ces patients COVID, l’équipe médicale de pneumologie a été mobilisée avec l’aide d’une cheffe de clinique de médecine. Les médecins assistants provenaient de la chirurgie, gynécologie et urologie. Quant aux personnel soignant, il s’agissait des infirmières et infirmiers habituels des unités de chirurgie. Tous ce personnel a dû apprendre à s’adapter à des prises en charges hospitalières très différentes de leur travail habituel et dans des conditions difficiles. Les pneumologues se sont adaptés à des prises en charge pneumologique hospitalière et de médecine interne, ils ont mis en place des guidelines et check-list afin de s’assurer d’une prise en charge standardisée et de qualité pour tous les patients, en tenant compte du personnel à disposition.

Impacts sur le service de médecine interne

L’impact a été surtout conséquent dans la réorganisation du personnel médical, qui a dû être mobilisé pour renforcer d’autres services comme les soins intensifs. Il a fallu également rapidement autonomiser les unités de médecines (inclus unités COVID) dans leur fonctionnement les soirs et les nuits. Alors que d’habitude seul un médecin assistant couvrait le soir et la nuit les soins intensifs et les étages de médecine, cette solution n’était plus tenable dans les circonstances. La médecine a donc couvert les soirs et les nuits de manière séparée par rapport au fonctionnement des soins intensifs. Lors des deux mois de pandémie, nous avons vu une diminution de taux d’occupation pour les patients habituels de médecine interne non-COVID, jusqu’à un minimum de 60%, ce qui est totalement inédit (taux habituel toujours proche de 100%).

Restructuration des soins intensifs

Afin de pouvoir faire face à un afflux de patients en détresse respiratoire lié au COVID-19, la capacité des soins intensifs à PRT est passée de dix lits à 21 lits, en mettant en place six lits supplémentaires dans la salle de réveil, et cinq lits en salle d’opération. A cela venait s’ajouter les possibles dix lits de soins intensifs de la CDF.

En terme de personnel pour s’occuper des patients en soins intensifs, les cadres des soins intensifs ont augmenté leur taux de travail, les anesthésistes ont été mobilisés et d’autres intensivistes externes ont été engagés; les infirmiers/ères anesthésistes et des infirmiers/ères spécialisés ont été recrutés en interne.

Impacts sur les autres spécialités/services du département de médecine (à PRT)

Afin d’augmenter le nombre de lits disponibles en soins intensifs, l’unité cérébro-vasculaire a été temporairement déplacée dans le service de neurologie sous la responsabilité directe des neurologues.

L’activité ambulatoire a été évidemment impactée dans la plupart des spécialités de médecine, avec cependant la mise en place autant que possible de suivis téléphoniques et sinon mesures protectrices lors des consultations urgentes.

Impacts sur les formations et colloques

En raison des mesures de distanciations et le besoin de mobiliser les forces au front, toutes les formations ont été suspendues jusqu’au 11 mai 2020. En compensation le département de médecine à offert un livre de médecine à chaque médecin en formation.

Impacts autres sur l’organisation

Afin de limiter les risques de contamination, les visites se sont effectuées en dehors des chambres avant d’entrer voir les patients et non pas directement au lit des patients. Les visites des familles et proches ont également pour les mêmes raisons dues être restreinte au stricte minimum.

Statistiques

Le premier patient hospitalisé avec le SARS-CoV-2 à PRT a été admis le 8.3.2020 et le dernier ayant quitté les soins aigus de médecine le 3.6.2020. Durant cette période, 101 patients COVID-19 positifs ont été admis sur le site de PRT avec une moyenne d’âge de 69 ans. Nous comptons actuellement 14 décès sur le site de PRT avec une moyenne d’âge de 84 ans. La mortalité parmi les patients atteints du Covid-19 a été jusqu’à présent de 14%, contre une mortalité habituellement de 7%, donc environ le double. Les hommes représentent 75% des décès.

Point de situation actuel

Actuellement il n’y a plus de patients COVID-19 positifs en soins aigus. Le taux d’occupation des lits en médecine interne est à nouveau à son niveau « normal » d’avant-COVID. Les consultations des spécialités de médecine ont très vite retrouvé leur niveau habituel. Nous pouvons être plus que satisfait de la façon dont tous les intervenants à tous les échelons du RHNe ont contribués à l’adaptation du travail afin de garantir la qualité des soins à tous nos patients et je tiens à les remercier sincèrement. Nous pouvons avoir confiance qu’en cas d’éventuelle récidive future, nous serons à nouveau prêts pour faire face de manière professionnelle à une nouvelle vague.