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Dr Dominique Bünzli | président de la SNM 

Le billet du président

Billet d’humeur à l’attention de certains politiciens : cessez les attaques, vous allez nous décourager et vive l’élevage de moutons !

La profession de médecin reste pour moi un des plus beaux métiers du monde.

Même si c’est souvent fatiguant et lourd de responsabilités, on aide les gens, on les soigne, à défaut on les soulage et accompagne, tout cela en gagnant correctement notre vie. En effet, tout n’est pas parfait et il y a encore quelques rééquilibrages à faire, mais à titre personnel, mon revenu me semble actuellement correct, même en tant que médecin de famille.

Il ne faudrait par contre plus que cela change et surtout que les conditions de travail restent les mêmes, ce qui, malheureusement, n’est pas gagné !

Rappelons que ce que nous facturons est un chiffre d’affaires et pas un salaire. On nous rajoute régulièrement du travail et des frais : tâches administratives non facturables, mesures obligatoires de qualité comprises dans le tarif, participation au DEP, sécurité informatique, matériel de protection et de désinfection COVID-19, inflation et coûts de la vie en général… j’en oublie certainement !

Sans parler de la complexité des prises en charge médicales, des demandes plus sophistiquées des patients et donc de l’accroissement des informations que nous sommes censés transmettre durant le temps imposé par le tarif de la consultation.

Ce tarif lui, ne bouge pas, la base de ce dernier datant d’il y a environ 20 ans avec un dernier toilettage imposé par le Conseil Fédéral en 2018. Et chaque année ou presque, c’est la guerre avec un ou plusieurs « partenaires » tarifaires pour la négociation du point cantonal… quelle incertitude !

Sans vouloir pleurnicher, osons quelques comparatifs : facture de votre électricien ou de votre sanitaire suite à une intervention diagnostic/thérapeutique ? Honoraires de nos fiduciaires et banquiers ? Sans même parler de nos copains universitaires : avocats, notaires et architectes…

En comparaison, est-ce que vraiment le médecin gagne trop ? Est-ce vraiment là qu’il faut encore aller pour tenter de réduire l’augmentation inéluctable des coûts ?

Oui bien sûr en partie !  D’ailleurs, nous avons fait le travail !

Une nouvelle version de notre tarif, mieux adapté et simplifié, revalorisant encore plus la médecine de premier recours « le TARDOC » a été élaboré par tous les médecins.  A bout touchant après 8 ans de labeur, il rencontre d’énormes difficultés à être accepté par notre Conseiller Fédéral et ceci malgré un mécanisme permettant de garantir la neutralité des coûts ! C’est totalement incompréhensible !

Nous subissons depuis plusieurs années des décisions, des mesures et des nouvelles règlementations souvent sans visions et vécues comme des attaques.

Récemment, de nouvelles règlementations concernant l’attribution des droits de pratique ne permettent plus d’accepter des médecins étrangers. Même si cela n’est pas forcément une solution pérenne, leurs arrivées nous ont pourtant bien aidé et atténué les effets néfastes de la pénurie dans le canton durant la dernière décennie.

Incroyable décalage avec le terrain !  Les patients et les médecins souffrent et les moutons se réjouissent…

Les coûts de la santé augmentent, c’est un problème, mais l’espérance, le confort et la qualité de vie augmentent aussi. Quel est le prix que notre société est prête à mettre ?

Rapidement, il faut de vraies mesures permettant de limiter la charge des primes sur les ménages (p.ex. financement moniste) ! Contrairement à ce que semble dire notre Conseiller Fédéral, nous avons plusieurs propositions pragmatiques. Écoutez-nous et associez-nous, avec les patients, aux réflexions, plutôt que de nous viser sans cesse par des mesures décourageantes !

En effet, à la place d’une collaboration constructive, des idées et des projets à répétition avec des budgets globaux sont actuellement proposés par certains politiciens, ceci malgré les conséquences désastreuses sur la qualité et l’accès aux soins déjà expérimentés par d’autres pays qui les ont introduits… c’est déprimant !

Alors que les parlements discutent légitimement de mesures visant à freiner les coûts, je dis attention à de futurs éventuels ajouts / attaques. Lorsque l’on sera découragés par des mesures et obligations inadéquates, la pénurie s’aggravera encore… et les moutons seront ravis !

Bref, prenez enfin des mesures permettant de soulager les primes sur les familles sans altérer la qualité des prises en charge et saper le moral des médecins !

Les patients vous remercieront et les moutons attendront !