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Delphine Frochaux | spécialiste en neuropsychologie FSP, coordinatrice du Centre Mémoire  
Dre Mariangela Gagliano | médecin cheffe, service de gériatrie RHNe  
Dr Philippe Olivier | médecin chef, service de neurologie RHNe  
Dr Umberto Giardini | médecin chef du Département de Psychiatrie de l’Age Avancé (CNPâa) 

Présentation du Centre Mémoire Neuchâtelois

Les connaissances dans le domaine des maladies neurodégénératives ont fortement évolué ces dernières années. Alors qu’il y a 10-15 ans, le diagnostic était principalement clinique et pouvait se faire par un seul médecin ou neuropsychologue, cela n’est plus envisageable au jour d’aujourd’hui. Nous avons à présent accès à des examens spécifiques (par ex. :, protéines dans le LCR, IRM cérébrale avec coupes spécifiques, PET-scan FDG ou amyloïde, analyses génétiques) qui nous permettent de nous prononcer sur un diagnostic avec beaucoup plus de précision. En parallèle, l’évolution de ces méthodes nous a fait prendre conscience qu’il y avait encore beaucoup d’erreurs diagnostiques lorsque nous nous basons uniquement sur la clinique et que nous ignorons encore beaucoup de choses dans ce domaine très complexe. L’établissement d’un diagnostic clair et fiable, aussi précoce que possible, est nécessaire à une bonne prise en charge des patients, et le devient de plus en plus grâce notamment à l’apparition progressive de traitements médicamenteux spécifiques (par ex., l’Adu acanumab ou le Lecanemab pour la maladie d’Alzheimer). En parallèle, la prise en charge non médicamenteuse et psychosociale est également primordiale, et permet de prolonger l’autonomie des patients et de prévenir l’épuisement des proches. Cette prise en charge doit cependant être également adaptée en fonction de la problématique du patient et nécessite qu’un diagnostic fiable soit posé le plus tôt possible.

C’est dans cette optique que le RHNe a mis en place un Centre Mémoire multi-disciplinaire, en collaboration avec le Centre neuchâtelois de Psychiatrie de l’âge avancé (CNPâa) et l’Association Réseau Santé Social (AROSS), répondant aux critères des Swiss Memory Clinics (www.swissmemoryclinics.ch). Le Centre Mémoire réunit des médecins spécialistes en neurologie, en gériatrie et en psychiatrie, des neuropsychologues ainsi que des CareManagers (collaborateur de AROSS et psychologue du CNPâa), chargés de coordonner la prise en charge et le suivi des patients. Les prestations du Centre Mémoire ont débuté cet automne, sur les sites du RHNe-Pourtalès et du RHNe-La Chaux de Fonds. Les patients adressés au Centre Mémoire sont examinés par au moins deux professionnels de la santé : un médecin (gériatre ou neurologue) et un neuropsychologue. Lors de l’examen médical (durée d’environ 2 heures), un examen physique complet est effectué, avec un status neurologique et une évaluation gériatrique plus ou moins détaillés en fonction de la problématique. Une hétéroanamnèse est également effectuée avec l’entourage (il est demandé au patient de se présenter au rendez-vous accompagné si possible). Des examens complémentaires sont demandés si nécessaire (évaluation par un psychiatre-psychothérapeute du CNPâa en cas de suspicion d’une problématique psychique surajoutée, IRM cérébrale avec axes si non réalisée auparavant, ponction lombaire, PET-scan, bilan sanguin…).

Dès réception de la demande au Centre Mémoire, un examen neuropsychologique est également organisé en parallèle de l’examen médical (à une autre date pour ne pas cumuler deux examens de longue durée le même jour), afin de dresser un profil cognitif précis et de guider le diagnostic (cf. examen neuropsychologique dans le cadre du Centre Mémoire pour détails). Les neuropsychologues reçoivent également le patient avec un proche afin de compléter les éléments d’anamnèse et d’amorcer une discussion sur les difficultés cognitives du patient. Lorsque tous les examens ont été réalisés, le dossier du patient est discuté en consilium interdisciplinaire avec l’ensemble des spécialistes de l’équipe. Un diagnostic est alors formulé et l’indication à une prise en charge est discutée. Une séance de restitution est organisée avec le médecin responsable du patient (et éventuellement une CareManager et une neuropsychologue selon la situation), durant laquelle le diagnostic est expliqué au patient et aux proches. Une proposition de suivi peut également être évoquée si besoin. Dans un tel cas et si le patient l’accepte, la CareManager prend ensuite contact pour organiser un suivi (dans le cadre de CareMens ou non en fonction des critères ; cf. Programme CareMens).

Un rapport de synthèse est envoyé au médecin traitant reprenant l’ensemble des examens réalisés, le diagnostic retenu, indiquant le suivi mis en place et proposition de prise en charge. Le rôle du Centre mémoire n’est pas de se substituer au médecin de premier recours, qui poursuivra la prise en charge médicale du patient.

Pour la plupart des cas, un rendez-vous de contrôle est prévu une année plus tard. L’objectif est de pouvoir poser un diagnostic avec la meilleure fiabilité possible et de mettre en place un suivi si nécessaire, tout en accompagnant à la fois le patient et ses proches face à ces maladies qui impactent fortement le quotidien.

Le Centre mémoire n’assurera pas de prestations d’assistance sociale (déjà offerte par les antennes neuchâteloises d’Alzheimer suisse, ou Pro-Senectute par exemple). Par contre, grâce à ses Caremanager, le Centre mémoire assurera une continuité entre la prise en charge médicale et neuropsychologique, avec les structures de soins telles que le CNPâa et de santé communautaire, dont AROSS.

Chaque situation est discutée par l’équipe pluridisciplinaire, qui se rencontre une fois par semaine. Des colloques ont lieu une fois par mois aves les neuroradiologues du RHNe pour discuter des imageries cérébrales et des examens de médecine nucléaire.

L’équipe du Centre Mémoire Neuchâtelois participe par ailleurs régulièrement aux colloques cliniques et académiques hebdomadaires organisés par le Centre Leenaards de la mémoire du CHUV, et les visioconférences avec les centres mémoires romands des cantons de Genève, Vaud, Fribourg et Valais, des afin de maintenir un haut niveau d’expertise. Un projet de collaboration est également en cours avec le réseau ROMENS (Réseau romand mémoire et neurosciences), créé à l’initiative des centres de la mémoire du CHUV et des HUG, ayant pour objectif de développer l’harmonisation des soins et de la recherche dans le domaine des pathologies cognitives du cerveau âgé. Le Centre Mémoire neuchâtelois envisage dans ce contexte de participer au  registre de recherche ROMENS visant à collecter des données d’intérêt scientifique et démographique (profils cliniques, biologiques, neuro-imagerie) concernant les patients avec des troubles cognitifs évolutifs.