Dr sc. Pierre-François HUMAIR, Service de la santé publique |
Épidémie de maladie à coronavirus COVID-19 dans le canton de Neuchâtel - Quelques chiffres
Situation épidémiologique
Alors que la vague épidémique de COVID-19 semble faiblir, nous dressons ici un premier bilan succinct sur la situation épidémiologique du COVID-19 dans le canton de Neuchâtel.
Le premier cas neuchâtelois a été détecté le 1er mars 2020 et l’épidémie a rapidement pris de l’importance avec des pics journaliers de nouveaux cas supérieurs à 30 entre mi-mars et début avril (Figure 1, courbe rouge). Dès le 10 avril, on observe une baisse par à-coup du nombre de cas journaliers.
L’évolution du nombre cumulé des cas (Figure 1, histogramme bleu) permet de mettre en évidence la dynamique de l’épidémie avec au début une croissance exponentielle du nombre de cas (Figure 1, phase 1), puis une augmentation linéaire - et non plus exponentielle - suite à l’adoption de mesures de semi-confinement (Figure 1, phase 2), et finalement un infléchissement lent et régulier de la courbe (Figure 1, phase 3). À ce jour (14 juin 2020), le nombre total de cas confirmés en laboratoire s’élève à 737.
L’incidence permet de représenter le nombre de nouveaux cas par 100’000 habitants. L’évolution de l’incidence présente une courbe similaire à celle du nombre de cas avec des pics journaliers entre 10 - 15 cas par 100’000 entre mi-mars et mi-avril, puis chute par vagues successives.
L’incidence cumulée évolue de façon similaire au nombre cumulé de cas et atteint à ce jour (14 juin 2020) 418 cas pour 100’000 habitants. Cette incidence est légèrement supérieure à la moyenne suisse (363 cas/100'000), mais inférieure à celle observée dans les cantons les plus touchés, comme Genève (1’051), Tessin (931), Vaud (698) et Valais (562).
Sexe et classes d’âge
Parmi les cas confirmés par un test de laboratoire, les femmes sont légèrement plus touchées (57%) que les hommes (43%) par la maladie à COVID-19.
L’âge des cas confirmés s’étendait de 1 mois à 101 ans, avec un âge médian de 54 ans (la moitié des cas étant plus jeunes et l’autre moitié étant plus âgés).
La répartition par sexe et par classe d’âge montre que les femmes sont surreprésentées entre 20 et 59 ans par rapport aux hommes (Figure 2). La surreprésentation de professionnels de santé de sexe féminin dans ces classes d’âge pourrait expliquer ce phénomène. Cette tendance s’inverse chez les 60-69 et s’amenuise chez les personnes âgées de plus de 70 ans.
Le nombre de cas par classe d’âge montre que si les jeunes de 0-19 ans sont relativement épargnés par le COVID-19 (24 cas), les autres classes d’âge sont davantage touchées, en particulier celle des 40-59 ans (256 cas) et celle des 80 ans et plus (167 cas).
L’incidence cumulée révèle l’impact important de l’épidémie sur les personnes âgées de 80 ans et plus, avec une incidence (1'634 cas/100’000) quatre fois supérieure à l’incidence cantonale (418 cas/100’0000). De nombreux cas ont en effet été observés dans divers EMS du canton. Comme observé ailleurs en Suisse et à l’étranger, les EMS sont des lieux de vie à risque du fait du grand âge et des comorbidités des résidents.
Décès
Parmi les cas confirmés en laboratoire, 49 personnes sont décédées des suites du COVID-19. Le décès est survenu deux fois plus fréquemment chez les hommes (34 cas, 69%) que chez les femmes (15 cas, 31%). L’âge du décès oscillait entre 55 et 101 ans, avec un âge médian de 85 ans. Près de 80% des décès (77%) sont survenus chez des personnes âgées de 80 ans et plus, et les hommes de cet âge comptabilisent plus de la moitié des décès (53%) (Figure 3). Les données suisses présentent une tendance similaire.